Les fleurs du mal.
Détails
Author(s), creator(s), collaborator(s): | Baudelaire, Charles (1821-1867) (author) |
Editor: | Poulet-Malassis et De Broise |
Place of creation of the original object: | France - Paris |
First publication of the original object: | 1857 19th century Contemporary time (1789-20..) |
Original object location: | Réseau des Bibliothèques |
Identifiant(s): | 700405577 (code-barres ULiège) R4388A (cote ULiège) |
Original object language: | French |
Material, support of the original object: | Papier |
Dimensions, weight or duration: | 19 cm |
Physical description of the represented object : | 248 pages |
Description: | Provenance(s): Ex-libris : Baronis Joannis Constant
Acquisition par l'Université de Liège : Legs Baron Constant Constant, Jean, 1901-1986, baron [ancien propriétaire] |
Keyword: | Poésie; Censure |
CREF classification(s): | Lettres |
Classification(s): | Arts & humanities => Literature |
Organization that sponsored the digitization: | Université de Liège |
Part of: | Public domain |
Permalink: | https://hdl.handle.net/2268.1/3574 |
Scientific presentation
La révolution de 1789 a instauré la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Elle semblait ouvrir la voie à une libre circulation des idées et à la liberté de leur mise par écrit. Pourtant, l’histoire du XIXe siècle démontre qu’il en fût autrement. Dès 1810, sous Napoléon Ier, l’imprimerie et la librairie sont encadrées administrativement et ce, jusqu’en 1870 au moins. Tout libraire-imprimeur ou libraire-éditeur doit obtenir une autorisation d’exercer, accordée après une enquête rigoureuse. Le libraire doit ensuite prêter serment au souverain et jurer obéissance à la Constitution. L’exercice de son métier reste ensuite contrôlé. Le Second Empire poursuivra ce contrôle de l’écrit. En cette période de révolution industrielle, où l’imprimé pouvait être tiré en plus grand nombre et à moindre coût, la peur était grande de voir des idées subversives atteindre un lectorat d’autant plus important que l’alphabétisation progressait.
La destinée des Fleurs du Mal, de Charles Baudelaire (1821-1867), s’inscrit dans ce contexte. Lorsque sa première édition paraît, en 1857, Baudelaire n’en est pas à ses premiers poèmes. Il publie déjà régulièrement ses textes dans des revues ou journaux. Le public parisien attend depuis plusieurs années ce qui sera considéré comme son œuvre majeure. Dès 1845, il envisage la publication d’un recueil qui serait intitulé Les lesbiennes, puis Les limbes. En 1855, dix-huit poèmes paraissent dans la Revue des Deux Mondes sous l’appellation qu’il leur donnera finalement : les Fleurs du Mal. Deux ans plus tard, en février 1857, il remet le manuscrit de son œuvre au correspondant parisien de l’éditeur Poulet-Malassis. Ce dernier le publiera en juin de la même année.
L’accueil de l’œuvre est d’emblée mitigé. Si le Moniteur universel en fait l’éloge, le Figaro, lui, la critique sévèrement. L’œuvre de Baudelaire, si elle ne choque pas, interpelle à tout le moins pour l’époque. Le poète y aborde la laideur des vices de l’Homme, montrant leur danger, mais soulignant également leur potentielle beauté. Certains poèmes, très réalistes, incluent des images érotiques, ou évocations de scènes réelles, évidentes. Les Fleurs du Mal sont à la charnière de deux époques, entre le déclin du romantisme et les théories du réalisme.
Le 5 juillet, Gustave Bourdin publie dans le Figaro un article dénonçant l’immoralité de la publication. Deux jours plus tard, la Sûreté publique saisit le Parquet pour délit d’outrage à la religion et aux bonnes mœurs. Le procès de Baudelaire aura lieu le 20 août de la même année. Malgré la publication d’Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, en sa faveur, Baudelaire est condamné à 300 francs d’amende, ses éditeurs à 100 francs chacun. Le tribunal impose par ailleurs la suppression de six poèmes des Fleurs du Mal. Il faudra attendre 1949 pour que la Cour de Cassation de Paris réhabilite le poète et ses textes.
Baudelaire n’est pas l’unique victime de la censure à l’œuvre dans le champ littéraire. La même année, Flaubert est traduit en justice pour les propos tenus dans Madame Bovary. Il échappera toutefois à une condamnation.
Cette censure est-elle parvenue à ses fins ? Non, bien entendu. Tout au plus parvint-elle à freiner la diffusion d’idées et écrits pour quelques années ou décennies. L’interdiction d’une œuvre concourt à sa promotion et à sa diffusion, par des canaux détournés. En 1866, Baudelaire décide de faire paraître ses poèmes censurés dans un nouvel ouvrage, Épaves, qu’il fait publier en Belgique en 1866, là où les lois du Second Empire ne peuvent l’atteindre.
Stéphanie Simon
Directrice opérationelle
Cette présentation a été réalisée dans le cadre du catalogue de l'exposition Empreintes. Patrimoine écrit, témoin de l’Histoire qui s'est déroulée à la Cité Miroir (Liège), du 21 avril au 20 juillet 2018.
- ROGER P., CORDROC’H M., PICHOIS Cl. et al., Charles Baudelaire : exposition organisée pour le centenaire des Fleurs du mal. Paris, Bibliothèque nationale , Paris, BnF, 1957, VIII-124p.
- GUYAUX, A. (éd.), Baudelaire : un demi-siècle de lectures des Fleurs du mal, 1855-1905, Paris, PUPS, 2007, 1143p.
- MOLLIER, J.-Y., « La censure en France au XIXe siècle », in Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, 2009, tome 121, n°2, pp. 331-340.
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