Von den Unhol||de[n] oder hexen.
Détails
Uniform title : | De lamiis et phitonicis mulieribus |
Author(s), creator(s), collaborator(s): | Molitoris, Ulrich (1442?-1502?) (author) |
Editor: | [Strasbourg] : [Johann Prüss] |
Place of creation of the original object: | Strasbourg (France) |
First publication of the original object: | 1493 15th century Modern times (1492-1789) |
Original object location: | Réseau des Bibliothèques |
Collection: | Incunabula |
Identifier(s): | XV.C159 (cote ULiège) ; 1727231-10 (code-barres ULiège) |
Original object language: | Middle High German (ca. 1050–1500)) |
Material, support of the original object: | Papier |
Physical description of the represented object : | [30] feuillets : gravures ; in-4. |
Description: | 35-37 lignes ; caractères gothiques.
Signatures : A-G4 Texte en rouge et noir. Incomplet : le feuillet 12 manque Titre pris à la page de faux-titre. Notes sur l'exemplaire: Notes manuscrites Reliure: Reliure de carton Empreinte: nner bewe t-i. dage (C) 1493 (Q) (exemplaire ULiège) |
Keyword: | Sorcellerie -- Ouvrages avant 1800; Incunables |
CREF classification(s): | Histoire Bases générales de la science et de la culture |
Classification(s): | Arts & humanities => History Arts & humanities => Multidisciplinary, general & others |
Original object linked resource: | Polain(B) 2767 Incunabula Short Title Catalogue n°im00806000 - http://data.cerl.org/istc/im00806000 Polain, M.-L. Catalogue des livres imprimés au quinzième siècle des bibliothèques de Belgique, 2767 Simon (Stéphanie). "Ulrich Molitor, Von den Unholden oder Hexen". In : Oger, C., Simon, S. et Thirion, P. (dir.), Empreintes. Patrimoine écrit, témoin de l'Histoire, Liège, Presses universitaires de Liège, 2018, p.70. |
Organization that sponsored the digitization: | Université de Liège - ULiège |
Part of: | Public domain |
Permalink: | https://hdl.handle.net/2268.1/2620 |
Scientific presentation
De lamiis et phitonicis mulieribus (« Des sorcières et des devineresses » en français) est un traité sur la sorcellerie écrit par Ulrich Molitor en 1489. Il s’intègre dans le contexte de la recrudescence des chasses aux sorcières en Europe, entre 1480 et 1520. L’écrit y a sans conteste joué un rôle puisque l’imprimerie a permis la diffusion à plus large échelle des idées et méthodes des inquisiteurs.
L’histoire du De lamiis débute en Autriche. Dès 1485, l’inquisiteur Heinrich Krämer a mené des procès de sorcières dans la ville d’Innsbruck, sur demande de l’évêque Gosler de Brixen. L’évêque suspendra toutefois les procès, s’interrogeant sur les méthodes irrégulières et inappropriées de Krämer. Krämer est chassé de la ville, mais écrit dans la foulée avec Jacques Sprenger, un autre dominicain, le Malleus Maleficarum (ou « Marteau des Sorcières »). L’ouvrage contre les critiques, démontrant la réalité des sorcières et leur juste punition par le bûcher. Dans ce contexte, Sigismond d’Autriche demande à l’un des membres de sa cour, Ulrich Molitor, docteur en droit canon, de rédiger un traité devant lui permettre d’y voir plus clair. De lamiis parait en 1489, soit deux ans après la publication du Malleus.
L’ouvrage prend la forme d’un dialogue à trois voix, entre Ulrich Molitor, Sigismond d’Autriche et Conrad Schatz, magistrat de Konstanz. Les trois hommes débattent de l’action des sorcières, de leur capacité à blesser les hommes, à se transformer en animaux, à causer des tempêtes… La forme du dialogue permet à Molitor d’afficher plusieurs points de vue : Sigismond le sceptique ; Conrad plus crédule ; Ulrich modéré, utilisant des sources bibliques et classiques en arguments. Dans ses conclusions, le traité indique que les sorcières n’ont pas tant le tort de disposer de réels pouvoirs diaboliques que de croire en disposer. Elles méritent néanmoins le bûcher, car, dans leur ignorance ou leur crédulité, elles se sont éloignées de Dieu et se sont rapprochée du malin.
Deux éléments ont été relevés sur cette œuvre dans une analyse récente (N. Kwan, 2012).
Le premier est l’écart entre la teneur des discussions entre les trois hommes d’une part et les gravures utilisées d’autre part. La plupart des éditions publiées avant 1520 comprennent un ensemble de six gravures disséminées dans le texte. Une septième représentant le don du traité par Molitor à Sigismond s’ajoute dans certaines éditions, dont l’exemplaire de Liège. Les six gravures sont éloignées des conclusions du traité, pointant une représentation mouvante de la sorcière au XVe siècle. Le graveur ne s’est pas basé sur le texte de Molitor, mais a plutôt synthétisé les traits d’une sorcière dans la culture visuelle existante. Alors que le traité voit les sorcières comme des êtres crédules, pensant être dotées de pouvoirs, mais n’en ayant aucun, les gravures illustrent leurs traits les plus fantastiques. De lamiis étant toutefois le premier traité de sorcellerie illustré, ses gravures ont ensuite à leur tour influencé durablement l’iconographie de la sorcière pour les décennies suivantes, contribuant au développement du stéréotype.
Le second est le succès connu par l’œuvre. 39 éditions du De lamiis seront imprimées entre 1489 et 1669, dont dix-neuf avant 1520. Parmi ces 39 éditions, 21 sont illustrées. Si la première édition est publiée en latin, une version allemande suivra presque directement sous le titre Von den Unholden oder Hexen. Ces chiffres sont considérables par rapport aux 30 éditions du Malleus, pourtant bien plus connu alors. Le succès s’expliquerait en partie par la possibilité de lire le traité dans des perspectives tant religieuses que sociales ou politiques.
Stéphanie Simon
Directrice opérationelle
Cette présentation a été réalisée dans le cadre du catalogue de l'exposition Empreintes. Patrimoine écrit, témoin de l’Histoire qui s'est déroulée à la Cité Miroir (Liège), du 21 avril au 20 juillet 2018.
- ISTC im00806000
- KWAN, N., « Woodcuts and Witches : Ulrich Molitor’s De lamiis et pythonicis mulieribus, 1489-1669 », German History, 2012, vol. 30, n° 4, pp. 493-527.
- Bechtel, G., La sorcière et l’Occident. La destruction de la sorcellerie en Europe, des origines aux grands bûchers, Paris, Plon, 1997, 941 p.
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