L'histoire d'Italie
Détails
Uniform title : | Storia d'Italia |
Author(s), creator(s), collaborator(s): | Guichardin, François (1483-1540) (author) Chomedey, Jérôme de (translator) |
Editor: | Jacques Kerver |
Place of creation of the original object: | Paris (France) A Paris : par Jacques Kerver |
First publication of the original object: | 1568 16th century Modern times (1492-1789) |
Original object location: | Réseau des Bibliothèques |
Identifiant(s): | XXII.11.2bis [f°] (cote ULiège) 12BGP03234 (code-barres ULiège) |
Original object language: | French |
Abstract: | de messire François Guicciardin Gentilhomme Florentin ; translatée d'Italien en françois, & presente à tres vertueuse, tres haute, & tres puissante dame & princesse, Katherine de Medicis royne de France : par Hierosme Chomedey, gentilhomme & conseiller de la ville de Paris. |
Material, support of the original object: | Papier |
Physical description of the represented object : | [3], ccccxiii feuillets |
Description: | Signatures : a⁴ A-3Z⁶
Ownership history: Ex libris manuscrits : "Coll. SocTIS Jesu Leodii in insula" ; "Ex lib. J.L.B. d'Elderen" Empreinte: reen a-ar neix siPa (3) 1568 (A) (exemplaire ULiège) |
Geographical Location represent or evoke: | Italie |
Keyword: | Italie -- Histoire |
CREF classification(s): | Histoire |
Classification(s): | Arts & humanities => History |
Part of: | Public domain |
Permalink: | https://hdl.handle.net/2268.1/2217 |
Scientific presentation
Des œuvres du célèbre homme d’état et historiographe florentin Francesco Guicciardini (1483-1540), les collections de l’Université de Liège conservent plusieurs exemplaires imprimés datant du seizième siècle : pas moins de cinq éditions en italien de l’Histoire d’Italie – parfois partielles mais dont l’une contient également les Ricordi –, une traduction latine et une version en français. Cette dernière, un beau volume in-folio orné de lettrines et de chapeaux ornementaux d’inspiration grotesque, où s’entrelacent motifs végétaux et animaux, est la première traduction française de la Storia d’Italia. Achevée d’imprimer le 25 septembre 1567, elle est contemporaine de la première édition complète de l’œuvre (Venise, Gabriel Giolito de’ Ferrari, 1567 mais Florence, Lorenzo Torrentino pour les livres I-XVI, et Venise, Giolito de’ Ferrari, 1561 pour les livres XVII-XX). Chacun des vingt livres de l’histoire est précédé d’un « argument », qui en résume le contenu, tandis qu’outre le changement d’année, l’imprimeur fit figurer en regard de chaque paragraphe un nom ou une courte phrase permettant au lecteur de s’orienter dans le texte. Point d’index ou de table, par contre.
On doit cette traduction française, la seule à circuler jusqu’en 1738, au gentilhomme, membre du parlement de Paris, Jérôme Chomedey qui, en date du 22 mai 1566, obtint pour celle-ci un privilège royal. L’ouvrage liégeois porte au frontispice la marque de l’imprimeur-libraire Jacques Kerver), auquel Chomedey transféra son privilège, soit une licorne assise tenant un écusson marqué des initiales I.K. Le texte guichardinien est précédé d’une dédicace à Catherine de Médicis – dont est mis en évidence le rôle pacificateur –, d’une ode latine de Chomedey à la gloire du jeune Charles IX et de deux sonnets des poètes de la Pléiade Pierre de Ronsard et Jean Antoine de Baïf, qui apportent une caution rhétorique au récit et en soulignent à la fois la vérité et l’utilité : il s’agit de retranscrire avec éloquence pour « la postérité » certains hauts faits du passé récent d’une France encore forte et unifiée, afin de comprendre la « faiblesse humaine » et d’y porter remède.
C’est que l’Histoire d’Italie narre les troubles géopolitiques auxquels la Péninsule fut confrontée de 1494 à 1534, lorsqu’elle vit s’affronter sur son sol les puissances française et espagnole. Unique écrit pour lequel Guicciardini prévoyait une diffusion, le texte fut soumis à plusieurs réélaborations et révisions successives, de sorte que l’on ne compte pas moins de sept rédactions de certains passages, dont le célèbre incipit qui, dans la traduction française, commence par ces mots : « J’ay délibéré d’escrire les choses qui sont advenues en Italie, de nostre mémoire, depuis que les armes des François appelées par noz Princes mesmes, commencerent à la troubler avec un grand mouvement ». Guicciardini sera toutefois surpris par la mort avant de voir la fin de son labeur, et c’est à son neveu que l’on doit la publication de l’œuvre, à partir d’une copie faite apprêter par l’auteur pendant les derniers mois de sa vie (aujourd’hui Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Medicei Palatini, mss. 166 ; les autres manuscrits sont conservés dans les archives de la famille Guicciardini). C’est pourtant une version tronquée, émendée des passages sensibles des livres III, IV et X et revue en plusieurs endroits par Agnolo Guicciardini qui sortit en 1561 des presses florentines de Torrentino, accompagnée d’une lettre de dédicace au duc Côme de Médicis qui avait favorisé l’entreprise. S’il fallut attendre le dix-septième siècle pour que voie le jour une édition complète, dans laquelle fussent réintégrées toutes les parties du récit incriminant l’Église (Genève, Stoer, 1636, bien qu’à la faveur de la Réforme, les autres passages eurent une vie éditoriale autonome dès 1569), et l’édition de 1919 préparée par Alessandro Gherardi pour lire un texte rigoureusement établi sur la base de plusieurs manuscrits – aujourd’hui encore, le texte de référence –, l’œuvre connut néanmoins un succès immédiat, comme en attestent les nombreuses éditions et traductions dans les années qui suivirent sa parution.
La méthode employée par Guicciardini pour rendre compte de faits dont il fut, certes, un témoin privilégié, lorsqu’il était lieutenant général des troupes du Pape Clément VII, mais pour lesquels il tente de rétablir, en se fondant sur diverses sources, la chaine de causalité, lui valut d’être qualifié, dès 1566, par Jean Bodin, de « parens historiae » (Methodus ad facilem historiarum cognitionem ), et comparé aux plus grands historiens antiques. Guicciardini, qui venait par ailleurs combler un vide de l’histoire de France, devint ainsi une lecture prisée dans l’Ancien régime européen, à laquelle ne manquèrent pas de se référer auteurs et personnages politiques de prime importance (de Montaigne à Rousseau, en passant par Mazarin, pour ne citer que quelques lecteurs parmi les plus célèbres).
L’édition de 1568 chez Jacques Kerver conservée à Liège est plutôt rare par comparaison avec celles issues des imprimeries des autres libraires auxquels Chomedey avait étendu son privilège (Bernard Turrisan, Jean Dallier et Vincent Norment). Comme l’indique la mention manuscrite apposée sur la page de titre (Coll[egium] Soc[ieta]tis Iesu leodii in insula, ora pro P. A. Bauchaux s. j.), le livre est l’un de ceux qui rejoignirent le fonds sous l’impulsion d'André Bauchaux, préfet de la bibliothèque des jésuites en Isle de 1746 à 1765. Il n’est pas étonnant de trouver un tel ouvrage dans la collection d’un ordre religieux, dans la mesure où la traduction, bien que comportant pour la première fois le paragraphe dédié « à la paillardise et à la cruauté » du pape Alexandre VI (livre III, f. LXVII), est encore largement censurée.
On notera enfin la présence, au recto de la page de garde, au crayon, de la date du 25 septembre 1610 et du nom « [...] de Duras [...] » accompagné de la devise « vaincre ou mourir », tous deux repris à l’encre sur la page de titre, et au verso de cette même page un autre ex libris, peut-être celui du prince-évêque de Liège « J[ean] L[ouis] B[aron] d’Elderen [...] ». À ce jour, ces éléments n’ont pas encore pleinement révélé leur signification.
Hélène Miesse
Chercheuse post-doc EpistolART
Cette présentation a été réalisée dans le cadre de la collection "Arm@rium Universitatis Leodiensis. La bibliothèque virtuelle du Moyen Âge et de la première Modernité de l’Université de Liège", développée par l'Unité de Recherche Transitions .
- Universal Short Title Catalogue (USTC 93925 ).
- AHN. L’Atelier des Humanités Numériques de l’ENS de Lyon, (La storia d’Italia – Francesco Guicciardini. Pour une édition complète et analytique de l’exorde de l’Histoire d’Italie de Francesco Guicciardini, [en ligne]. (Page consultée le 5/05/2017, dernière mise à jour : le 22/08/2016).
- Fournel J.-L., « Lectures françaises de Guichardin : vérités de l’Histoire et ébauches d’une raison d’État à la française », dans La circulation des hommes et des œuvres entre la France et l’Italie à la Renaissance (Actes du Colloque international 22-23-24 novembre 1990) , Paris, Université de la Sorbonne Nouvelle, 1992, p. 165-187.
- FOURNEL J.-L., « Guicciardini rassettato », dans LUZZATTO S., PEDULLÀ G. (dir.), Atlante della letteratura italiana. Dalla Controriforma alla Restaurazione , Turin, Einaudi, 2011, p. 175-180.
- GUICCIARDINI P., Le traduzioni francesi della “Storia” guicciardiniana, Florence, Olschki, 1950.
- LUCIANI, V., Francesco Guicciardini e la fortuna dell’opera sua , éd. it. par GUICCIARDINI P., Florence, Olschki, 1949.
- MORENO P., « Filologia d’autore, filologia della copia e per il testo a stampa. La battaglia della Ghiaradadda e i suoi effetti nella Storia d’Italia di Francesco Guicciardini », dans CARUSO C., RUSSO E. (éd.), L’attività filologica in Italia tra Quattro e Seicento, sous presse.
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