Présentation scientifique

Dominique Lampson (Bruges 1532 - Liège 1599) est une figure clé de la Renaissance liégeoise par la diversité de ses intérêts et par son rôle actif dans le cercle des humanistes liégeois qui échangent des idées sur les auteurs anciens, sur l’art et sur l’histoire. Il nourrit des liens étroits avec ses amis érudits par une nombreuse correspondance et par ses publications, qui constituent un moyen d’émulation entre les savants.

Lampson arrive à Liège en 1558 et reçoit la charge de conseiller du prince-évêque Robert de Berghes (1557-1564), charge qu'il conservera jusqu'à sa mort. C'est dans ce contexte qu'il rencontre de nombreux humanistes dont le théologien Pedro Ximenius, le mathématicien Jean Stadius, Laevinus Torrentius, le médecin Gilbert Fuchs, le philologue Charles Langius et le peintre Lambert Lombard. Il entretient aussi d’étroits rapports avec des savants et des artistes en dehors de la principauté : Ortelius, Plantin, Lipse, Antonio Moro, Lucas de Heere, Pieter Bruegel, Cornelis Cort, Lucas Gassel…, mais aussi en Italie où il correspond avec Le Titien, Giorgio Vasari et Giulio Clovio.

Auteur de nombreuses poésies, on lui doit le premier essai sur l'art du nord de l'Europe : la vie de Lambert Lombard. Il publiera par la suite : Pictorum Aliquot Celebrium Germaniae Inferioris Effigies, imprimé à Anvers en 1572, consacré aux artistes des Pays-Bas.

L'ouvrage que Lampson consacre à Lambert Lombard n'est pas une biographie, mais un panégyrique. L'ouvrage rédigé en latin s'adresse aux artistes savants/lettrés tels que le fut Lombard. Si à travers son texte, Lampson livre quelques éléments concernant la vie du peintre, ceux-ci sont sélectionnés pour servir son propos. À travers la vie du peintre, Lampson développe des idées sur l'art et sur le statut de l'artiste. Celles-ci, souvent empruntées aux théoriciens italiens, reflètent la réflexion qui occupe les milieux humanistes dans les anciens Pays-Bas. Chacune des parties de la vie de Lombard, sa formation et le début de sa carrière, le voyage à Rome et son activité artistique après son retour à Liège, est un prétexte à disserter sur des questions qui animent les débats des humanistes tels que les rapports entre ars et natura, le dessin et la couleur, l'imitation, les parties du tableau…

Ce livre tiré en peu d'exemplaires aura une faible diffusion. On n’en conserve plus aujourd'hui que sept exemplaires.

Cécile Oger
Conservatrice

Cette présentation a été réalisée dans le cadre du catalogue de l'exposition Empreintes. Patrimoine écrit, témoin de l’Histoire qui s'est déroulée à la Cité Miroir (Liège), du 21 avril au 20 juillet 2018.