Scientific presentation

Le 31 octobre 1517, à Wittenberg, sur la porte du couvent des augustins, Martin Luther affiche ses fameuses 95 thèses dénonçant le système des indulgences. Alors qu’il souhaitait enclencher une disputatio universitaire, le moine est rapidement dépassé par la diffusion massive de son texte grâce à l’imprimerie. Sans le savoir, il ouvrit une brèche dans la chrétienté qui déboucha sur un schisme et sur une recomposition confessionnelle de l’Europe.

L’affaire des indulgences aurait pu rapprocher Érasme de Luther. Pour les deux hommes, le ciel n’est pas à vendre. Cependant, Luther n’est guère intéressé par l’humanisme et Érasme se méfie de ce tribun qui a tendance à ériger son vécu personnel en valeur prophétique. Le Rotterdamois mit du temps à se prononcer publiquement sur la pensée de Luther. Il tenta pendant quelques années d’observer les débats avec une prudente réserve. Cette attitude lui valut d’ailleurs des critiques virulentes de la part des catholiques radicaux. Martin Luther, qui crut aux débuts pouvoir faire de l’humaniste son allié, jugea sévèrement sa conduite. Au fil des ans, l’affrontement devint inévitable.

Le livre tant réclamé parut au cours du mois de septembre 1524 chez l’imprimeur bâlois Johann Froben sous le titre de De libero arbitrio Διατριβή, sive Collatio. Érasme y oppose une réfutation mesurée aux doctrines de Luther par l’analyse de la liberté de l’homme vis-à-vis de Dieu. Il défend la position traditionnelle de l’Église qui accorde une part de liberté dans la dépendance de l’homme à Dieu pour son salut. Il affirme également que l’Église peut commenter la Bible, mais reconnaît que l’Église doit se soumettre aux préceptes des Écritures, comme le professe Luther.

L’ouvrage reçut un accueil très favorable auprès du public catholique. La réponse de Luther fut en revanche cinglante. Elle se matérialisa en décembre 1525 sous la forme d’un livre, dont le titre vengeur, De servo arbitrio, annonce d’emblée le ton. La dispute entre les deux hommes se poursuivit durant deux années.

L’exemplaire du De libero arbitrio de l’Université de Liège est relié avec un autre texte d’Érasme, le Concio de immensa Dei misericordia, également sorti des presses de Johann Froben en septembre 1524. Le volume est recouvert d’une reliure de basane marbrée datant du XVIIIe siècle.