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À la découverte des trésors de la Fédération Wallonie-Bruxelles de l'Université de Liège

24 Jun 2024

Un bien d’intérêt patrimonial (BIP) est un bien qui présente un intérêt remarquable pour la Fédération Wallonie Bruxelles. Le domaine couvrant les biens culturels mobiliers est particulièrement vaste puisqu’il s’étend à un large éventail d’objets : des œuvres d’art aux pièces archéologiques et aux moyens de transport, sans oublier les livres précieux, les documents d’archives, les pièces ethnographiques, les objets d’art décoratif, les instruments scientifiques, etc.

Quatre livres de l’Université de Liège ont fait l’objet d’une procédure de classement comme "trésors de la Fédération Wallonie-Bruxelles" : l’Évangéliaire d'Averbode (Ms. 363), datant du second tiers du XIIe siècle, le "Feuillet Wittert" (Ms. 2613), de la même époque, le Psautier de Lambert le Bègue (Ms. 431), réalisé à la fin du XIIIe siècle, ainsi que l’Album de Saint-Paul de Sinçay (Ms. 6750), de 1868.

Évangéliaire d'Averbode, chef-d’œuvre de la production enluminée mosane du XIIe siècle

Ce manuscrit a été conçu pour l’ancienne abbaye d’Averbode (actuel Brabant flamand), appartenant à l’ordre des Prémontrés. Il attire l'attention par la magnificence de son décor peint et par la richesse sémantique de son illustration. Les quatre Évangiles, présentés dans l’ordre traditionnel de lecture (Mathieu, Marc, Luc, Jean), s’ouvrent chacun sur une ou plusieurs miniatures en pleine-page, dont le thème fait écho au contenu du texte. Ainsi, le récit de Luc, qui met l’accent sur la Passion du Christ, est préfacé par une Crucifixion (fol. 87r) et par deux épisodes de l’Ancien Testament préfigurant celle-ci (fol. 86v). Par son style, son iconographie et certains aspects techniques, l’Évangéliaire d’Averbode se rattache à un groupe de manuscrits de luxe, exécutés dans le diocèse de Liège au cours de la seconde moitié du XIIe siècle et destinés à des monastères d’un même ordre, dont la Bible de Floreffe (Londres, British Library, Ms. 17737-17738) et l’Évangéliaire de Bruxelles (Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Ms. 10527). Tous ces ouvrages bénéficient d’un programme iconographique peint révélant une pensée exégétique d’une complexité et originalité sans pareille.

Le "Feuillet Wittert", bijou de l’art mosan du XIIe siècle

Ce feuillet, daté des années 1150-1170, provient d’un cycle de miniatures réalisé en région mosane. Il a été mis en relation par des spécialistes de l’enluminure avec dix feuillets du Psautier de Berlin (Staatlichen Museum, Stiftung Preussischer Kulturbesitz, Kupfersctichkabinett, Ms. 78 A 6) et un autre fragment déposé au South Kesington Museum de Londres (Ms. 413). Bien que l’origine soit commune, des interrogations subsistent sur la possibilité d’être en présence de folios issus d’un même ouvrage. Le "Feuillet Wittert" présente deux miniatures en pleine page tirées de deux chapitres de la Genèse : le sacrifice d’Abraham (Gn. 22 : 1-14) et la bénédiction de Jacob (Gn. 49 : 1-28). Ici, la technique de l’enlumineur, dans la composition des scènes ainsi que dans l’emploi des couleurs, n’est pas sans évoquer l'art des orfèvres mosans de cette époque.

Le Psautier de Lambert le Bègue, écho de la munificence de la miniature mosane du XIIIe siècle

Ce manuscrit fut probablement réalisé́ vers 1285-1290 pour une béguine du béguinage de Saint-Christophe à Liège. Les béguines et leurs équivalents masculins les bégards (moins nombreux), cherchaient à vivre une vie religieuse en dehors des grands ordres religieux contemplatifs (Bénédictins, Cisterciens...) ou actifs (Dominicains, Franciscains…). Pour ce faire, beaucoup se regroupaient dans des quartiers clairement délimités, fermés la nuit par des portes. Les béguines vivaient et de l’aumône, et du travail de leurs mains. Quant aux bégards, ils furent proches du milieu des tisserands. On présente souvent Lambert le Bègue († 1177) (Lambert le bégard, donc) comme le fondateur du mouvement béguinal. Ce fut d’abord un clerc, qui cultiva très tôt un don de prêcheur semble-t-il. Il réunit à Liège, du côté de Saint-Christophe, un certain nombre d’adeptes désireux de s’engager pour le Christ dans le cadre d’un modeste quartier urbain. Si le psautier n’a pas appartenu à Lambert le Bègue – mort plus d’un siècle avant sa réalisation –, c’est toutefois peut-être bien une de ses disciples – une béguine – qui le posséda. Il doit en tout cas s’agir d’une personne « dévote » qui, pour être suffisamment fortunée pour acquérir un manuscrit de luxe, était malgré tout proche de ces Franciscains, Dominicains et autres religieux des ordres qui prêchaient la pauvreté voire la mendicité. Son illustration, d’une très grande richesse, est typique de la miniature du XIIIe siècle. La représentation du martyre de saint Lambert, patron de Liège, a particulièrement retenu l’attention des personnes férues d’histoire liégeoise.

 

L’Album de Saint-Paul de Sinçay, le patrimoine industriel de Liège en photos

Durant l'été 1868, la Société anonyme des Mines et Fonderies de zinc de la Vieille-Montagne, alors leader mondial de l'industrie du zinc, organise une vaste campagne photographique à travers ses sites liégeois, allemands, français et suédois. Le résultat aboutit à la constitution de trois albums. Les deux premiers albums (appartenant aux collections de la Maison de la Métallurgie et de l'Industrie de Liège) présentent des personnages en buste habillés de manière distinguée, travailleurs occupant des postes à responsabilité dans l'entreprise, alors que ce troisième album (appartenant aux collections de l'ULiège Library) rassemble des portraits en pied d'ouvriers et ouvrières, y compris des enfants, dans leurs vêtements de travail.

* Découvrir les trésors liégeois de la Fédération Wallonie-Bruxelles numérisés en Open Access

* Auteur du blog : Renaud ADAM (ULiège Library), et alii (juin 2024).

* Citer ce blog : Renaud ADAM, et alii, "À la découverte des trésors de la Fédération Wallonie-Bruxelles de l'Université de Liège", Blog de DONum (https://donum.uliege.be/news?id=57) (juin 2024).