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Enée sauvant Anchise

Author(s), creator(s), collaborator(s) : Maître au Dé; Ugo da Carpi; Sanzio, Raffaello
Type of the represented object : Print (visual works)

Détails
Author(s), creator(s), collaborator(s): Maître au Dé (actif 1530-1550) (engraver)
Ugo da Carpi (1468/70-1532) (graveur) (engraver)
Sanzio, Raffaello (1483-1520) (inventor)
Editor: Pas identifié.
Creation of the original object: c. 1530
16th century
Modern times (1492-1789)
Original object location: Musée Wittert
Identifiant(s): Numéro d'inventaire : 9566
Material, support of the original object: Papier
Technique: Burin
Dimensions, weight or duration: 256 x 183 mm
Description: État : I/III.

Inscriptions : dans la marge inférieure, Falso Sinon, Iunon crudele’, e’ fera,/ Hor voi sete contenti or’ arde Troia,/ Hor’ e’ misero Enea, se’ben l altera,/ Fuor de le fiamme’ il vede, hor la sua gioia// E’ che’ del padre è carco et ei che spera,/ col favor de sue dei uscir di noia,/ Seco gli porta, e’ seco ascanio dove’, / Lo scorge’ Marte’, a’ far’ etterne prove’.

Marque de collectionneur : L. 205, sur le recto, en bas au centre ; L. 3799, sur le verso, en bas au centre.
Part of: Public domain
Permalink: https://hdl.handle.net/2268.1/9800

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09566.jpg
Description:
Size: 1.23 MB
Format: JPEG
Access type: Open Access
Scientific presentation

L’auteur de cette estampe est un buriniste de talent, qu’on s’accorde à situer dans le sillage de Marcantonio Raimondi. Il travailla à Rome après que ce dernier eut fui la ville lors du Sac de 1527 ; son activité s’échelonne dans les années 1530-1550. Ce graveur productif signait ses œuvres d’un dé portant tantôt la lettre B (comme c’est le cas ici), tantôt les lettres B et V. On se perd en conjectures pour l’arracher à l’anonymat. On a proposé de voir en lui Bernardo Daddi, Benedetto Verini, Giulio Bonasone, Tommaso Vincidor et plus récemment l’éditeur Tommaso Barlacchi, sans que rien ne permette à ce jour de trancher définitivement la question.

Le Maître au Dé traita nombre de sujets qu’avaient déjà exploités avant lui les premiers graveurs spécialisés dans la reproduction des inventiones de Raphaël. La présente gravure en offre un bel exemple. Elle est inspirée d’un détail de la célèbre fresque de l’Incendie du Borgo  peinte par Raphaël au Vatican. Une gravure de Marco Dente (B. XV, 33, 6) contribua à la notoriété de cette composition, qu’elle reproduisait dans sa totalité, en sens inverse.

Le détail qui nous intéresse – à droite dans la fresque – fut rapidement rapproché de la fuite de Troie telle que la relatait Virgile. Sans doute Raphaël lui-même voulut-il encourager cette assimilation, comme le suggérait déjà Giorgio Vasari (nel medesimo modo che Vergilio descrive che Anchise fu portato da Enea, Vite 1550). Mais si chez Raphaël, la référence au légendaire fondateur du peuple romain restait cryptique, le détail affranchi de son contexte originel devint rapidement une figuration explicite d’Enée portant son père Anchise sur ses épaules, et entraînant avec lui son fils Ascagne loin de Troie ravagée par les flammes.

Dans une première et remarquable version du sujet gravée en chiaroscuro par Ugo da Carpi en 1518 (B. XII, 104, 12), la statue des pénates qu’Anchise emporte avec lui fait clairement référence à l’épisode tel qu’il est relaté dans l’Enéide (II, 705-729). Cette gravure servit de modèle au Maître au Dé, qui la reproduisit en taille-douce avec un évident souci de fidélité, bien qu’en sens inverse et en petit format. La gravure du maître anonyme peut être datée de 1530 environ. Elle est dotée d’une didascalie en vers qui explicite le sujet représenté. À la différence de celle d’Ugo da Carpi, elle ne fait pas mention de Raphaël comme inventeur de la composition.

Entre-temps, vers 1525, une variante du sujet avait été élaborée par Jacopo Caraglio (B. XV, 94, 60). Caraglio l’avait composée en se basant sur la fresque de Raphaël, mais probablement aussi sur des dessins préparatoires du maître. Il semble avoir vu celui qui est aujourd’hui conservé à Vienne, où Enée est figuré barbu (Albertina, inv. 4881 ). Plus tard, vers 1545, Giulio Bonasone allait à son tour composer une nouvelle variante, en s’inspirant à la fois de la gravure de Caraglio pour les personnages et de celle du Maître au Dé pour le paysage.

La scène diffusée par ces gravures connut une fortune extraordinaire, non sans être investie de significations nouvelles au fil de ses réutilisations. C’est ainsi qu’elle apparaît dans la célèbre fresque des Jumeaux de Catane , que Rosso peignit dans la Galerie François 1er à Fontainebleau. Fait intéressant, ici sont combinés le modèle raphaélesque et un autre modèle, d’origine michelangelesque quant à lui, tiré du Déluge  de la Sixtine. La fresque de Rosso fut à son tour reproduite en gravure par René Boyvin vers 1540-45, sous le titre Hoc Opus Pietatis . A Liège, Lambert Lombard s’inspira de ce nouvel avatar de la composition dans un petit dessin de l’Album d’Arenberg , réalisé à titre d’exercice.


Transitions

Dominique Allart

Cette présentation a été réalisée dans le cadre de la collection "Arm@rium Universitatis Leodiensis. La bibliothèque virtuelle du Moyen Âge et de la première Modernité de l’Université de Liège", développée par l'Unité de Recherche Transitions .


Citer cette présentation :
Allart, D., « Maître au Dé et Ugo da Capri, d'après Raphaël, Enée sauvant Anchise, c. 1530, gravure au burin, 256 x 183 mm (Liège, Musée Wittert, inv. 9566) », in Arm@rium Universitatis Leodiensis. La bibliothèque virtuelle du Moyen Âge et de la première Modernité de l’Université de Liège, juin 2021. http://hdl.handle.net/2268.1/9800
Bibliographie :
  • Vasari G., Le vite de’ più eccellenti pittori, scultori e architettori. Nelle redazioni del 1550 e 1568, éd. par P. Barocchi et R. Bettarini, IV, Florence, 1976, p. 193.
  • Bartsch A., Le peintre-graveur , XII, Vienne, Degen, 1811, p. 104-105, n° 12.
  • Bartsch A., Le peintre-graveur , XV, Vienne, Degen, 1813, p. 33-34, n° 6 et p. 224-225, n° 72.
  • Bernini Pezzini G., Valenti Prosperi Rodino S. et Massari S. (éd.), Raphael Invenit. Stampe di Raffaello nelle Collezioni dell’Istituto Nazionale per la Grafica, cat. expo., Rome, 1985, p. 235, VI, 1 (notice par S. Massari).
  • Wood J., « Cannibalized Prints and Early Art History: Vasari, Bellori and Fréart de Chambray on Raphael  », in Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 51, 1988, p. 210-220 : 217.
  • Höper C., Raffael und die Folgen. Dans Kunstwerk in Zeitaltern seiner graphischen Reproduzierbarkeit, Stuttgart, 2001, p. 407-411, en particulier n° F.15.3, p. 409.
  • Denhaene G., « Contribution à l’étude de Lambert Lombard. L’impact de la gravure en tant que moyen de divulgation d’un style et de source d’inspiration », in Bulletin de l’Institut royal du Patrimoine artistique , 34, 2013-2015, p. 109-187 : 175.
  • Cavalli M., « Il maestro del Dado e la diffusione del gusto “raffaellesco” », in La fortuna visiva di Raffaello nella grafica del XVI secolo , cat. expo. éd. par. E. Rossoni, Bologne, 2020, p. 141-151.

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