Scientific presentation

La première édition imprimée de statuts synodaux liégeois est sortie des presses louvanistes de Rodolphe Loeffs de Driel vers 1483-1485 (ISTC is00742800). L’Université de Liège en possède un exemplaire (XV.C217). Ce texte constitue le code officiel de l’évêché de Liège et y assure le maintien et l’organisation de la vie religieuse. Il dérive des statuts promulgués à la fin du XIIIe siècle par l’évêque Jean de Flandre, mais avec des amendements décrétés par Jean Heinsberg lors de la réunion synodale du 18 octobre 1445. Trois autres éditions de ces statuts synodaux parurent au XVe siècle, Thierry Martens concluant la liste avec celle que nous commentons. Le choix du format in-quarto pour toutes ces éditions témoigne de la volonté des différents imprimeurs d’en faire des ouvrages maniables, au format poche.

L’Église de Liège a très vite su déceler tout le potentiel de l’imprimerie pour assurer une diffusion plus large de sa législation et de ses ouvrages liturgiques. Un premier bréviaire liégeois est édité, selon toute vraisemblance, par les frères de la vie commune à Bruxelles vers 1480 (ISTC ib01162500), treize autres seront réédités avant la fin du règne d’Érard de la Marck († 1538). Un diurnal à usage liégeois est commandé pour la première fois au Colonais Johann de Bell, qui l’imprime le 1er septembre 1482 (ISTC id00284300). Jean de Westphalie imprime à Louvain un missel à usage liégeois vers 1477-1480 (ISTC im00667800), quatorze autres missels paraîtront avant 1530. Deux ordinaires à usage liégeois sont édités avant le milieu du XVIe siècle, l’un par le Colonais Ludwig von Renchen en 1492 (ISTC io00085700), l’autre par l’Anversois Michiel van Hoochstraeten en 1521 (USTC 437174). Les nombreuses rééditions de ces textes constituent assurément un indicateur de leur popularité.

Dans les anciens Pays-Bas, en cette fin du XVe siècle et début du XVIe siècle, le marché du livre religieux, qu’il soit liturgique ou normatif, est largement dominé par Thierry Martens. L’impression de ce type d’ouvrages, surtout pour les bréviaires, nécessite un matériel typographique spécialisé, un personnel de qualité et une grande maîtrise de la part des compositeurs et des correcteurs. Le catalogue de Martens contient ainsi des bréviaires à l’usage des norbertins (Alost, 1488), d’Utrecht (Alost, 1492), de Liège (Louvain, 1498) et de Salisbury (Louvain, 1499) ; des statuts synodaux pour les diocèses de Liège (Louvain, 1500) et d’Arras (Louvain, 1500/1501) ; ainsi qu’un diurnal à l’usage de la congrégation de Windesheim (Anvers, 1508).

L’Université de Liège possède deux exemplaires des statuts synodaux sortis de l’officine de Thierry Martens. L’exemplaire décrit ici porte l’ex-libris de Gerardus van Son (Gerardo de Zon), accompagné des millésimes 1510 et 1516. Ce dernier fut chapelain de la collégiale Saint-Servais de Maastricht avant de devenir son notaire. Il y possédait un bénéfice à l’autel du Saint Rédempteur. En 1565, se qualifiant de vir obesus et senex, il fonde une bourse d’études à la pédagogie du Château à Louvain au profit de ses parents ainsi que pour les habitants de Son en Breugel, commune située dans l’actuelle province du Brabant-Septentrional, et de ses environs. L’exemplaire est malheureusement rogné, rendant certaines annotations illisibles.

Renaud Adam
Attaché