Notes de rêves
Détails
Author(s), creator(s), collaborator(s): | Frédéricq, Léon (1851-1935) (author) |
Creation of the original object: | 1915 20th century Contemporary time (1789-20..) |
Original object location: | Réseau des Bibliothèques |
Identifier(s): | Bibliothèques de l'ULiège, fonds Léon Frédéricq |
Original object language: | French |
Material, support of the original object: | Papier |
Dimensions, weight or duration: | 33 x 20,5 cm |
Keyword: | Rêves -- 20e siècle; Rêves -- Interprétation |
CREF classification(s): | Psychologie |
Classification(s): | Human health sciences => Psychiatry |
Part of: | Public domain |
Permalink: | https://hdl.handle.net/2268.1/4031 |
Scientific presentation
Docteur en sciences naturelles (1871), en médecine (1875) et en sciences physiologiques (1878), Léon Frédéricq (Gand, 1851-1935) devient à 28 ans à peine, professeur de physiologie à l’Université de Liège où il remplace Théodor Schwann . Léon Frédéricq est un des pères fondateurs de la physiologie et il donnera à l’Institut de Physiologie, qu’il a fondé, une renommée internationale. Passionné de nature, il a également oeuvré pour faire reconnaître et protéger ce qui deviendra après sa mort la réserve naturelle des Hautes Fagnes.
De décembre 1914 à octobre 1918, Léon Frédéricq retranscrit ses rêves nocturnes. Méthodiquement d’abord, plus épisodiquement ensuite. Il le fait avec la précision scientifique qui le caractérise, ajoutant dans la marge souvenirs et commentaires mettant en relation des éléments oniriques avec les événements de la vie réelle. Avec le temps, ces commentaires se mêleront de plus en plus à la description du rêve lui-même, rendant poreuse la frontière entre rêve et réalité.
Qu’a donc pu motiver un scientifique de cette envergure à s’atteler à cette activité ? Sans doute était-ce dans l’air du temps. En 1900, Sigmund Freud publiait un des ouvrages fondateurs de la psychanalyse moderne : L’interprétation des rêves. Au moment où Léon Frédéricq décide de retranscrire ses rêves, les idées de Freud se répandent et un intérêt pour ces productions oniriques se développe. Nombreux sont ceux qui s’appliquent à les retranscrire. Un lien d’autant plus probable que Léon Frédéricq fut collègue et ami de Joseph Delboeuf, professeur de l’Université dont les travaux sur l’hypnose, le sommeil et le rêve ont très probablement influencé Freud. C’est aussi à cette époque que Carl Gustav Jung, se distanciant de Freud, publie sa propre manière d’interpréter le rêve dans The Psychology of Dreams (1916). Le rêve comme objet d’étude est « tendance » en ce début du XXe siècle. Jamais pourtant, Léon Frédéricq ne s’aventure dans une quelconque tentative d’interprétation psychanalytique en lien avec l’inconscient ou le subconscient. Il se limite à la partie consciente du rêve, essentiellement sous une forme descriptive.
Un autre élément d’explication est sans doute lié à la période troublée pendant laquelle cette production a lieu. L’université est fortement impactée par l’occupation allemande. Cours suspendus, activités scientifiques difficiles sinon impossibles, bâtiments occupés et subissant de lourds dommages, laboratoire fermé.
Dans la retranscription de ses rêves, on retrouve son souci de la topographie, avec de nombreuses descriptions minutieuses de paysages et de lieux, à mettre en relation avec son activité d’aquarelliste amateur (voir son Carnet de croquis). Il tente de déterminer dans quelle mesure la topographie au cours du rêve est conforme à la réalité.
Les notes de rêves de Léon Frédérick s’achèvent en octobre 1918 par quelques feuillets déchirés, sans explication. Il ne subsiste en tout cas aucune trace d’une poursuite de notes de rêves au-delà d’octobre 1918 et il semble qu’il n’ait jamais exploité scientifiquement ce matériau onirique sinon dans un début d’organisation un peu systématique, sur un double feuillet, des opérations et fonctions cognitives en jeu.
Paul Thirion
Bibliothécaire en chef
Cette présentation a été réalisée dans le cadre du catalogue de l'exposition Empreintes. Patrimoine écrit, témoin de l'Histoire qui s'est déroulée à la Cité Miroir (Liège), du 21 avril au 20 juillet 2018.
- Carroy, J., Nuits savantes : une histoire des rêves (1800-1945) , Paris, Éditions de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, En temps et lieux, 2012, 460 p.
- Florkin, M. (dir.), Un pionnier de la physiologie. Léon Frédéricq. Oeuvres choisies. Volume publié à l’occasion du centenaire de sa naissance , Liège, Sciences et Lettres, 1953, 223 p.
- Mélon, J. et Stassart, M., Introduction à la psychologie dynamique , Liège, Université de Liège, 1999, 112 p.
- Nolf P., « Notice sur Léon Fredericq, membre de l’Académie », in Annuaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique , Bruxelles, 1937, pp. 46-100.
- Voss F., « Biographie de Léon Fredericq », Famous scholars de l’Université de Liège, 2017 (consultée le 25 février 2018).
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