Scientific presentation

Ce recueil contient deux éditions princeps d’Érasme, au format in-folio, imprimées à Bâle par Johann Froben en 1521 et renfermées sous une reliure d’époque estampée à froid.

La première pièce contient un recueil épistolaire paru le 31 août 1521 sous le titre Epistolae ad diversos. Cet imposant volume, épais de 688 pages, reprend 612 lettres. La liste des correspondants témoigne de la place centrale occupée par Érasme au cœur de la respublica litteraria de la première moitié du XVIe siècle : Guillaume Budé, Christophe de Longueil, Thomas More, William Warham, Richard Pace, Hermannus Buschius, Jean Œcolampade, Albert de Brandebourg, ou encore Luigi Marliano, pour ne citer qu’eux. Érasme évite toutefois de publier certaines lettres, comme celles adressées à Ulrich von Hutten ou Luther, de même que celles trop dures pour l’Inquisition ou les indulgences. La circonspection aura suffi à justifier ce silence. Il n’en est rien en revanche d’une lettre du pape Léon X, dont l’écartement repose sans conteste sur une blessure d’amour-propre. L’humaniste suivit de très près la parution de ses recueils épistolaires, destinés à asseoir sa réputation de « prince des humanistes » en Europe. Entre 1515 à 1536, il a ainsi publié, ou suscité la publication, de pas moins de quatorze recueils.

Le second volume repris dans ce Sammelband est une compilation de plusieurs apologies rédigées par Érasme pour justifier ses opinions tout en réfutant les objections de ses adversaires. Il s’agit d’un genre assez important dans l’œuvre de l’humaniste ; lui qui dut subir de nombreuses attaques en provenance d’adversaires de tous bords, qu’ils soient catholiques zélés, réformés ou encore universitaires intransigeants. Le volume contient des Apologiae rédigées en réponse aux critiques émises, entre autres, par Jacques Lefèvre d’Étaples, Jacobus Latomus, Jacques Briard d’Ath ainsi que celle destinée à réfuter les observations critiques formulées par le théologien Edward Lee contre les éditions du Nouveau Testament de 1516 et 1519. Selon Léon-Ernest Halkin, « les Apologies, qui concernent essentiellement des problèmes exégétiques, sont des œuvres mineures, certes, elles demeurent cependant des témoins appréciables des combats de leur auteur pour la rénovation de la théologie ». L’édition de Froben de novembre 1521, numérisée ici, est très rare et est absente des principales bases de données relatives aux livres du XVIe siècle, telles que l’USTC ou le VD16. Elle est aussi absente de principales bibliographies rétrospectives de cette époque et des listes des princeps d’Érasme. À ce jour, seuls deux autres exemplaires ont été repérés en Allemagne : l’un à la Hochschul- und Landesbibliothek RheinMain (60 4 Ce 4614), l’autre à l’Universitätsbibliothek de Marbourg (095 XIXb A 447 m).

Les deux éditions des textes d’Érasme présentent chacune, sur leur page de titre, un encadrement en bois très raffiné de style renaissant. L’ornementation des Epistolae ad diversos est signée par Urs Graf et fut employée pour la première fois par Johann Froben pour une édition des Adages en 1513. Le cadre en bois du titre des Apologiae, avec la devise Imago vitae aulicae, est l’œuvre d’Ambroise Holbein et servit en premier lieu pour les Historiae Augustae scriptores parues en 1518.

Renaud Adam
Attaché