Quadrins historiques de la Bible. Revuz, & augmentez d'un grand nombre de figures
Détails
Author(s), creator(s), collaborator(s): | Paradin, Claude (15..-1573) (author) |
Editor: | A Lion par Jan de Tournes |
Place of creation of the original object: | Lyon (France) |
First publication of the original object: | 1558 16th century Modern times (1492-1789) |
Original object location: | Réseau des Bibliothèques |
Identifiant(s): | TH01093 [16°] (Cote ULiège) 700404304 (Code-barres ULiège) |
Original object language: | Middle French (ca. 1400—1600) |
Material, support of the original object: | Papier |
Physical description of the represented object : | 246 pages non numérotées : illustrations ; 17 cm |
Description: | Papier 8° Signatures : A-P⁸ Q⁴ Gravures sur bois |
Keyword: | Bible. A.T. -- Ouvrages avant 1800 |
CREF classification(s): | Théologie |
Classification(s): | Arts & humanities => Religion & theology |
Organization that sponsored the digitization: | Université de Liège |
Part of: | Public domain |
Permalink: | https://hdl.handle.net/2268.1/4096 |
Scientific presentation
Édités pour la première fois en 1553, chez l’imprimeur lyonnais Jean de Tournes, les Quadrins historiques de la Bible relèvent des Figures de la Bible (Bilderbibel). Particulièrement en faveur à la Renaissance et à l’époque moderne, ce genre littéraire regroupe des ouvrages illustrant les Écritures au moyen d’abondantes gravures qui recouvrent l’ensemble du texte biblique, ou une partie seulement de celui-ci — l’Ancien Testament dans le cas présent. La présentation matérielle des Quadrins doit beaucoup aux Emblemata d’André Alciat (1531). Chaque page est structurée suivant une même disposition tripartite directement inspirée du système emblématique : les références scripturaires correspondant à l’épisode vétérotestamentaire figuré, la gravure, un quatrain en rimes croisées, à coblas singulars.
Dans le contexte d’intense concurrence que se livraient à l’époque les ateliers typographiques lyonnais, strasbourgeois et francfortois, les Figures de la Bible permettaient notamment de rentabiliser les coûts élevés consécutifs à l’élaboration des bois qui devaient orner de grandes bibles illustrées. En 1533 déjà, Christian Egenolff chargeait le graveur allemand Hans Sebald Beham d’illustrer ses Biblische Historien. Quelques années plus tard, les frères Treschel publièrent, à Lyon, les Historiarum veteris instrumenti icones ad vivum expressae (1538), s’attachant les services de Hans Holbein. S’inscrivant dans la lignée, Jean de Tournes confia, pour sa part, l’exécution de ses xylographies au dessinateur et graveur Bernard Salomon (c. 1508 – c. 1561) qui déploya, à son service, une remarquable activité d’illustrateur.
Mais l’imprimeur lyonnais entendait bien se démarquer de ses concurrents, profitant non seulement de la demande croissante d’ouvrages en langue vernaculaire, mais aussi de la situation stratégique de Lyon au cœur des réseaux commerciaux de l’époque et dont l’importante foire lui ouvrait les portes du marché européen. Si l’on se réfère à une épître liminaire du poète Carl Scheit, l’intention première de De Tournes était d’élargir l’éventail linguistique et de proposer, pour chaque gravure, des vers « latins, italiens, espagnols et français ». Ainsi, il livra sept éditions différentes en langues française, anglaise et espagnole (1553), allemande et italienne (1554), flamande (1557) et latine (1558). Afin de mener à bien ce projet éditorial, la rédaction des quatrains fut confiée à plusieurs poètes qui avaient pour tâche non pas de traduire un texte original, mais bien de composer librement leurs propres vers, à partir des gravures qui leur étaient soumises, avec pour seule consigne le respect des contraintes de forme. Dès lors, d’aucuns s’autorisèrent quelques libertés vis-à-vis du texte biblique. Pour l’édition française, De Tournes fit appel à Claude Paradin (c. 1510 – c. 1573), chanoine à la collégiale de Beaujeu, avec qui il collabora, deux ans plus tôt, à la parution d’un recueil d’emblèmes intitulé Devises héroïques (1551). Outre les quatrains, ce dernier rédigea aussi l’épître à Jeanne de la Rochefoucault qui figure en début d’ouvrage.
De belle facture, l’exemplaire conservé dans les collections universitaires liégeoises, de format in-8°, arbore une élégante tranche dorée. Daté de 1558, il correspond à la troisième édition en langue française des Quadrins historiques. Particulièrement populaires, ceux-ci connurent en effet pas moins de cinq rééditions au cours de la seconde moitié du XVIe siècle. Comme l’indique explicitement le titre, l’ouvrage est augmenté de nombreuses figures ; il comprend 231 gravures, soit trente-deux de plus que l’édition originale de 1553.
Le succès que rencontrèrent les Quadrins historiques s’explique, pour partie, par leur ambiguïté fonctionnelle, dont Jean de Tournes sut parfaitement tirer profit. Au rôle pédagogique et didactique des Quadrins, la confrontation texte/image favorisant la mémorisation des Écritures, s’ajoute en effet une dimension plus esthétique en ce qu’ils constituent un répertoire de motifs iconographiques privilégiés par les artistes qui s’en inspirèrent volontiers pour élaborer leurs propres compositions. Mentionnées dans les inventaires de certains ateliers sous la dénomination de « pourtraicts en papier servans au mestier de painctre » ou de « partrons sur papier de diverses histoires », les gravures de Salomon servirent de modèles à de nombreux artistes et artisans : céramistes, émailleurs, graveurs, huchiers, maîtres-verriers, orfèvres et peintres.
Gaylen Vankan
Doctorant en Histoire de l’art et archéologie
Cette présentation a été réalisée dans le cadre de la collection "Arm@rium Universitatis Leodiensis. La bibliothèque virtuelle du Moyen Âge et de la première Modernité de l’Université de Liège", développée par l'Unité de Recherche Transitions .
- USTC 1147
- Engammare M., « Les Figures de la Bible. Le destin oublié d'un genre littéraire en images (XVIe-XVIIe s.) », in Mélanges de l’Ecole française de Rome, 106-2, 1994, p. 549-591.
- Kammerer E., « Lyon, capitale de l’imprimerie. Les Figures de la Bible multilingues dans l’atelier de Jean de Tournes (1545-1565) », dans Kammerer E. et Müller J.-D. (dir.), Imprimeurs et libraires de la Renaissance. Le travail de la langue , Genève, Droz, 2015, p. 176-221.
- Kammerer E., « Les figures de la Bible imprimées par Jean de Tournes », dans Jourde M. et al., Les Ecrits de Jean de Tournes (1542-1564), Lyon (à paraître).
- Scharratt P., Bernard Salomon : illustrateur lyonnais , Genève, Droz, 2005.
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