Scientific presentation

En 1851, l’éditeur Louis Hachette (Rethel 1800- Plessis-Piquet 1864) entreprend la création d’une collection de livres : La Bibliothèque des Chemins de fer. Comme son nom l’indique, ces livres sont destinés aux voyageurs qui empruntent ce nouveau moyen de locomotion. La Bibliothèque des Chemins de fer sera divisée en sept séries dont l’une : Les Guides des voyageurs.

L’idée de Louis Hachette est de proposer des ouvrages de petits formats, donc pratique à transporter, dans des kiosques installés dans les gares. Il signe un premier contrat avec la Compagnie du Nord en 1852 et avec les autres compagnies ferroviaires françaises peu de temps après.

Au lancement de la série, Louis Hachette acquiert des fonds de librairies spécialisées et passe quelques contrats pour la rédaction de nouveaux guides. En 1853, la série comporte 25 titres répartis en trois collections. Deux ans plus tard, Hachette engage Adolphe Joanne, connu pour son guide de la Suisse, pour lui confier la direction de la collection des guides de voyage.

Dans un premier temps, Joanne va donner une cohérence aux titres issus des rachats de fonds d’autres maisons d’édition. Il se charge de la mise à jour des guides et revoit les textes pour se conformer au style demandé par le lecteur.

Ces guides sont conçus en fonction du réseau ferroviaire et de son évolution, mais aussi en fonction de « commandes » que reçoit Louis Hachette. La parution du guide itinéraire Paris-Dieppe en 1855 n’est pas anodine ; le guide sert à la promotion de la ville, participant ainsi à la rentabilité des investissements faits pour la ligne de chemin de fer et l’équipement de la station balnéaire. Des enjeux économiques importants se cachent derrière la publication anodine de ces titres. En effet, Louis Hachette est souvent proche, voir actionnaire, des banques qui ont financé ces développements.

En 1857, la Bibliothèque des Chemins de fer disparaît et la série de guides de voyage prend le nom de Guides-Joanne. Toujours soucieux de suivre l’évolution des habitudes de voyage, Joanne crée en 1866, la sous-collection Guides Diamant pour un nouveau type de voyageur : le touriste pressé. Le guide est de petit format, imprimé sur papier bible et le contenu s’adapte à ces nouveaux clients. Le premier titre de la série est consacré à Paris ; il sera le seul édité en plusieurs langues en prévision de l’exposition universelle en 1867.

La collection Diamant propose des versions abrégées des guides Itinéraires. On y retrouve les informations relatives aux documents administratifs et monnaies pour les destinations hors France, les différents itinéraires par chemin de fer pour atteindre la destination choisie, la description des lieux traversés et la description de la destination de séjour. Dans le cas de Spa, on y retrouve bien entendu des adresses d’hôtels, des cafés et restaurants, mais aussi de médecins, des libraires, des locations de voiture, mais aussi la description de promenades ou d’excursions dans la région : Theux, Remouchamps... Ces guides ont clairement la vocation de concurrencer les guides Baedeker édités en français.

En 1881, Paul Joanne, le fils d’Adolphe, reprend la direction de la collection et la développera jusqu’en 1911 où Marcel Monmarché assurera la relève. Ils feront évoluer les collections en tenant compte d’une nouvelle venue : l’automobile. Après la Première Guerre mondiale, les guides Joanne seront intégrés aux Guides Bleus.

Cécile Oger
Conservatrice

Cette présentation a été réalisée dans le cadre du catalogue de l'exposition Empreintes. Patrimoine écrit, témoin de l’Histoire qui s'est déroulée à la Cité Miroir (Liège), du 21 avril au 20 juillet 2018.